Le 16 avril 1936, le Toulousain Maurice Bonhomme, passionné d’aviation, lui-même pilote civil et militaire breveté, qui possédait une maison à Reyniès ainsi qu’un superbe avion Potez école fondait l’aéroclub de Reyniès. Son appareil sorti d’usine en 1930, immatriculé FAJTX était doté d’un moteur Renault de 95 CH. L’avion avait été acheté au Havrais Léon Molon, un des tout premiers pionniers de l’aviation et totalisait 664 heures de vol.
Ici l’ancien lieu-dit « La Briqueterie », route de Moulis en allant à Villebrumier, fut converti en piste d’aviation et en un hangar de 180 m2 qui servait de bureau au Club et d’abri pour le Potez école. L’aérodrome était imparfait. Maurice Bonhomme l’admettait volontiers, reconnaissant qu’il était un peu court et nécessitait donc une certaine maîtrise tant au décollage qu’à l’atterrissage. Maurice Bonhomme offrait de bon cœur des baptêmes de l’air à tous, afin de partager sa passion de ce sport mécanique en pleine évolution. Les doubles pédales de l’avion permettait au néophyte de prendre en main l’appareil et de toucher du doigts le rêve de grands raids aériens de légende.
La renommée de l’Aéro-Club dépassa bien vite les frontières de Reyniès et de grands “Seigneurs” de l’aviation tels Marcel Doret ou Jérôme Cavalli vinrent à La Briqueterie. Mais le plus célèbre des visiteurs fut sans nul doute Jean Mermoz qui possédait un Potez 36 immatriculé F-ALAM. Celui-ci très maniable permettait à Mermoz de beaucoup s’amuser avec son « jouet » en faisant de périlleux vols en rase-mottes. Il appelait ça « faire de la bicyclette ». En octobre 1936, il décolla de l’aérodrome de Toulouse Lasbordes mais se retrouva en difficultés entre Fronton et Labastide Saint Pierre. Par radio, il fit appel à Maurice Bonhomme qui lui proposa de rejoindre Reyniès pour se poser sur la piste de La Briqueterie pour procéder aux réparations. Deux mois après avoir découvert l’aérodrome de Reyniès, ce héros des airs sombrait corps et biens dans l’Atlantique, avec tout son équipage à bord de son avion mythique : “La Croix du Sud”.
De 1936 à 1939, l’Aéro-Club de Reyniès connaît d’autres péripéties tels le décollage et la destruction du « Pou du Ciel » du Montalbanais Reboul ou le baptême de l’air de Mr le Curé vêtu de sa soutane. Mais le début de la seconde guerre mondiale mit un terme à l’Aéro-Club de Reyniès. Le 4 septembre 1939, le Potez de Maurice Bonhomme fut réquisitionné par la base militaire aérienne 101 de Toulouse Francazal où on lui remit la somme de 27 495 francs pour tout dédommagement. Ce citoyen d’honneur de la commune s’est éteint en 1995 à l’âge de 101 ans.